Menu
Libération

Mauritanie: le tabou de l'esclavage. Trois militants arrêtés à la suite de la diffusion d'un reportage sur France 3.

Article réservé aux abonnés
publié le 24 janvier 1998 à 16h49

L'esclavage en Mauritanie demeure un tabou" et un enjeu politique

explosif. Arrêtés il y a une semaine, trois militants anti-esclavagistes viennent d'être déférés devant le parquet de Nouakchott suite à la diffusion, le 15 janvier sur France 3 et, simultanément à l'étranger, sur Canal France International (CFI), d'un reportage consacré à la persistence de l'esclavage dans un pays qui l'a officiellement aboli en 1980. En fait, seul le président de l'ONG S.O.S. Esclavage, Boubacar Messaoud, était apparu dans l'émission. Il sera jugé, dans les trente jours, en flagrant délit. A l'instar du président de l'Association mauritanienne des droits de l'homme (AMDH), Cheikh Saad Bouh Camara, et d'un avocat, Me Ould Ebetti, il est accusé de «création et/ou appartenance à des organisations non-autorisées», un délit passible de lourdes peines de prison.

Des poursuites ont par ailleurs été engagées contre un militant de S.O.S. Esclavage installé en France, Abdel Nasser Ould Yassa, à qui il est reproché d'avoir porté «atteinte à l'image du pays» dans une interview accordée à Radio France Internationale (RFI).

L'habillage judiciaire cache mal le caractère politique de la répression. Lancée à la recherche des femmes ayant témoigné à visage découvert dans le reportage, la Direction de la Sûreté de l'Etat (DST), la police politique que chapeaute un cousin du président Maaouya Ould Taya, ne se préoccupe pas des apparences. Dans cette affaire, dont l'enjeu est le contrôle politique des anciens esl