New Delhi envoyés spéciaux
A Delhi, on l'appelle «l'affaire Peugeot», dernier avatar de la saga des implantations françaises en Inde. Débarqué en 1994, le constructeur automobile comptait bien imposer sa 309 sur le sous continent en partenariat avec une firme locale. Quatre ans plus tard, l'histoire a tourné au vinaigre. Les Indiens n'ont pas voulu d'une voiture vieille de quinze ans, «réservée aux pays sous-développés». Et Peugeot veut faire ses valises.
L'épisode en dit long sur des rapports franco indiens difficiles, placés depuis des décennies sous le signe de contentieux à répétition, de malentendus ou d'incompréhension réciproque. Résultat: la France n'est que le onzième investisseur en Inde, le treizième exportateur et le dix huitième importateur. «Pas terrible», reconnaît-on des deux côtés. Une frilosité qui ne date pas d'hier, héritée d'accrocs politico-économiques persistants. Personne en Inde n'a oublié par exemple les promesses faites au Pakistan, le «frère ennemi», de vendre en 1995 plusieurs Mirage 2000 (un contrat jamais réalisé), ou de livrer à Islamabad sous-marins et autres Exocet. Autre affaire «empoisonnée»: celle du barrage de Dulhasti, dans la province himalayenne du Jammu et Cachemire, territoire actuellement indien et revendiqué par le Pakistan. Ce projet pharaonique, qui impliquait un consortium français, s'est avéré un gouffre financier et est réduit aujourd'hui à de plus modestes proportions.
Ici, on a en fait la certitude que l'Inde n'a jamais été un