Belfast, envoyé spécial.
Belfast, jeudi soir. Deux frères, catholiques, quittent leur boulangerie. Un homme s'approche, tire sur l'un des frères à la tête et au ventre. Chris McMahon s'écroule, mais ne perd pas conscience. Son frère raconte: «Chris me dit: "Pourquoi moi? Pourquoi moi? Cela n'a rien à voir avec toi, c'est parce que nous vivons dans un sale pays.» Chris McMahon, un catholique sans le moindre passé politique, est en réanimation. Depuis, deux autres catholiques ont été abattus à Belfast vendredi et samedi, portant à dix le nombre des victimes huit catholiques, deux protestants de la vague de violence qui submerge l'Ulster depuis Noël. Dans la nuit de dimanche, encore, une voiture a explosé à proximité d'une boîte de nuit, quelques heures après qu'un quartier catholique d'Enniskilen eut été évacué. Ce nouvel attentat, attribué à une fraction dissidente de l'IRA, n'a pas fait de victime, mais les négociations de paix qui reprennent ce matin à Londres apparaissent de plus en plus fragiles.
Intimidation. «C'est une campagne concertée pour tuer des catholiques», explique Tom Collins, le rédacteur en chef de l'Irish News, le quotidien modéré de la minorité catholique. «La presse anglaise présente ces meurtres comme des représailles, un meurtre d'un côté, un meurtre de l'autre, ce n'est pas vrai, 80% des victimes sont catholiques, les loyalistes (extrémistes protestants) veulent nous faire peur, ils ne tuent pas des membres de l'IRA ou de Sinn Féin, ils s'attaquent