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Libération

L'ode aux libertés de Jean Paul II à Cuba. Un demi-million de personnes à la messe de clôture du pape.

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publié le 26 janvier 1998 à 16h55

La Havane, envoyé spécial.

L'orgueilleux regard de Che Guevara, dont le visage stylisé occupe toute la façade du ministère de l'Intérieur, semble encore contempler l'horizon des révolutions qui ne déchantent jamais. Sur le demi-million de personnes venues assister à la messe de Jean Paul II, y en a-t-il eu une seule pour adresser un regard au guérillero argentin, dont le retour des cendres, en octobre, avait provoqué ici même un défilé de 72 heures? Une messe en chasse une autre. L'une et l'autre, donc, sur l'inévitable place de la Révolution, que le pape s'est abstenu hier d'appeler par son nom. Aux cérémonies, la révolutionnaire et la catholique, Fidel Castro était présent, au prix d'un périlleux numéro d'équilibriste. A la première, en batlle-dress et en compagnie des vieux combattants de la Sierra Maestra; à la seconde, en costume trois-pièces, non loin d'un aréopage de 132 évêques, 15 cardinaux, d'une théorie de diacres et de bonnes soeurs venus des Amériques et d'Europe.

Aux grand-messes castristes de naguère, l'usage révolutionnaire voulait que l'on scande: «On l'entend, on le sent, Fidel est bien présent.» Pour celles de Jean Paul II, les fidèles ont repris ce slogan, mais en le détournant au profit du pape. Mais, cette foule, les observateurs s'attendaient à ce qu'elle crépite davantage, en particulier lorsque le pape s'est avancé sur le terrain des droits de l'homme. Des applaudissements fournis, des chants bien repris, un enthousiasme réel, mais, en même temps, de