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Libération

Nuages sur l'axe franco-allemand. Au 10e «colloque Charlemagne», étalage de désaccords sur l'Europe.

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publié le 26 janvier 1998 à 16h58

Aix-la-Chapelle, envoyée spéciale.

Rarement fête de l'amitié franco-allemande aura aussi bien permis d'étaler tous les désaccords de fond qui opposent actuellement Français et Allemands. Au dixième «colloque Charlemagne», organisé ce week-end à Aix-la-Chapelle par les groupes d'amitié de l'Assemblée nationale et du Bundestag, ainsi que par la chambre de commerce franco-allemande de Paris, pour fêter le trente-cinquième anniversaire du traité réconciliateur de l'Elysée, les hommes politiques des deux pays se sont lancé leurs quatre vérités avec une franchise et un sens poussé de la contradiction.

Les plus beaux échanges ont porté sur le dilemme élargissement-approfondissement de l'Union européenne. Pierre Moscovici, ministre français délégué aux Affaires européennes, a rappelé samedi combien la France a été déçue par le sommet européen d'Amsterdam, en juin, censé accoucher de ces réformes institutionnelles. Dire que l'Union doit être «renforcée de l'intérieur» est «presque une vérité de La Palisse», a rétorqué Werner Hoyer, homologue de Moscovici au ministère allemand des Affaires étrangères. «Le résultat d'Amsterdam est présentable, assure-t-il; dans la situation donnée, nous avons atteint ce qu'il était possible d'atteindre.»

Plus le gouvernement du chancelier Kohl se rétracte, dans le souci de ne pas trop charger la barque européenne l'année où l'euro est lancé, plus le gouvernement français s'enhardit. Moscovici a ainsi risqué samedi un plaidoyer pour la «vocation fédérale»