La Havane, envoyé spécial.
«L'heure est venue d'emprunter les nouveaux chemins qu'exigent les temps de rénovation que nous vivons, à l'approche du troisième millénaire de l'ère chrétienne.» Au terme de son ultime sermon, prononcé devant un demi-million de personnes et face à Fidel Castro, le chef de l'Eglise catholique a esquissé le chantier qu'il assigne à Cuba, en appelant sur l'île «le souffle et la lumière» de l'Esprit-Saint.
Expression massive d'insatisfaction. Ce fut le prêche où Jean Paul II s'est montré le plus explicite dans ses critiques envers le régime, allant jusqu'à encourager les applaudissements de la foule, qui éclataient chaque fois qu'il évoquait le déficit de liberté ou l'emprise du système sur «la liberté de conscience, base et fondement des autres droits humains». Le vent de l'Histoire a alors agité une nouvelle fois la place de la Révolution. Pour la première fois en quatre décennies de pouvoir, Fidel Castro a été confronté à une expression massive d'insatisfaction, dans le saint des saints de son propre temple.
Si le Lider Maximo a dû pousser un soupir de soulagement quand son hôte encombrant a repris, hier soir, le chemin du Vatican, le bilan «temporel» du voyage papal est loin d'être négatif en ce qui le concerne. En échange de quelques couleuvres ingurgitées avec un flegme inaltérable, Fidel Castro a en effet desserré plusieurs étaux.
Jean Paul II l'a d'abord dédiabolisé. En acceptant de le rencontrer pour un long tête-à-tête jeudi soir, en le saluant