Oujda, envoyé spécial.
Difficile, en fin d'après-midi, de se frayer un chemin parmi les étals du souk El-Fellah. A l'heure où le soleil décline, les Marocains se ruent sur ce marché de contrebande, aux portes d'Oujda. Emplettes de dernières minutes avant le f'tour, le repas collectif de rupture du jeûne, point fort de la journée de ramadan. Douceurs, pâtisseries, dattes et miel, lait et amandes débordent à profusion des échoppes aux senteurs capiteuses. Un bazar de rêve aux prix défiants toute concurrence, une corne d'abondance d'autant plus miraculeuse que la quasi-totalité de ces produits arrivent directement d'Algérie où ils sont souvent introuvables, et toujours inabordables pour le commun. Exemple type: les aliments pour nourrissons, «deuxième âge». Véritable luxe en version algérienne, la boîte coûte plus de 20 francs dans une pharmacie marocaine. Elle est vendue aux alentours des 5 francs dans les échoppes de Beni Drar. Un rapide coup d'oeil sur le carton d'emballage dissipe les derniers doutes quant à son origine: «Fabriqué le 3 novembre 1997 par la société Ediplait, Ottawa, Canada, pour le compte de la Geicedipal, pavillon 1 et 2, Résidence de la Butte des Deux Bassins, BP 139, Ben Aknoun, Algérie.»
Algériens hauts placés. «Bien sûr, rigole Béchir, montrant d'un geste ample une montagne de couches-culottes empilées dans son garage, la cargaison, là-bas, ne fait que du transit. Quand on a les bons contacts, on récupère la marchandise directement au port d'Oran, à la d