Washington, de notre correspondant.
Ce soir, Washington vivra un grand moment de surréalisme politique quand Bill Clinton prononcera, plus d'une heure durant, son discours sur l'état de l'Union devant les deux chambres du Congrès réunies au Capitole, et 60 millions de téléspectateurs. Le sort du Président dépendra en grande partie de ce qui se passera dans l'auguste assemblée, transformée en arène. Après une semaine de jeux du cirque sexuels, les spectateurs pourront condamner le gladiateur en restant de glace, ou lui accorder au moins un sursis en applaudissant à tout rompre sa «vision pour le XXIe siècle». La scène sera immédiatement comparée avec celle qui a eu lieu au même endroit, le 30 janvier 1974. Richard Nixon y présenta son discours sur l'état de l'Union, alors que le scandale du Watergate était en train d'éclater. Son intervention fut huée par les parlementaires démocrates, et mollement applaudie par les républicains. Nixon jura qu'il ne quitterait jamais son poste. Six mois plus tard, il était acculé à la démission. Le sort de Bill Clinton, comme celui de Richard Nixon, sera en définitive réglé au terme d'un calcul strictement politique. Et c'est là que l'actuel président a un problème. Depuis le début de l'affaire Lewinsky, le silence assourdissant des membres de son propre parti a été au moins aussi frappant que l'embarras du carré de fidèles (membres non élus de l'équipe de la Maison Blanche et du cabinet, ou amis personnels comme le révérend Jesse Jackson) e