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Libération

ALGERIE : Le charme perdu du ramadan. La rupture du jeûne remplit les cafés d'Alger, mais le coeur n'y est plus.

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publié le 28 janvier 1998 à 17h07

Alger, envoyé spécial.

Au café du Faisan d'or, l'hérétique, le renégat s'appelle Farid. Au nom d'une très vieille amitié d'enfance, sa présence est encore tolérée par ses potes; mais elle alimente la plupart des discussions nocturnes du ramadan. Pour un motif qui échappe à tout le monde, depuis un ou deux ans, Farid supporte le Paris-Saint-Germain contre vents et marées. «Et nous, nous sommes tous, depuis toujours, des inconditionnels de l'OM», explique Fayçal, l'un de cette bande de trentenaires, rencontré la veille sur un gradin du stade.

Le café du Faisan d'or borde la grande place Taleb Abderrahmane de Bab el-Oued, arborée et fleurie, épargnée par des travaux de reconstruction ou de parking. Bab el-Oued, l'un des quartiers populaires les plus chauds d'Alger, dur, pauvre, solidaire, célèbre à toutes les époques où Alger s'est échauffée: sous la colonisation, pendant la guerre, au moment où les islamistes tenaient le haut du pavé. Malgré la fraîcheur de l'hiver, ce samedi soir, les copains de Fayçal occupent la terrasse. Ils portent des blousons similaires, des jeans, boivent le thé, le café. Ils ont vu Canal +, Eurosport, TF1. Ils sont donc informés de tout. «On discute ballon. On s'engueule ballon, précise Fayçal. On ne discute que ballon. On ne s'engueule que ballon. Le reste, ce n'est plus possible.» Un air de fête. Comme eux, le soir après le dîner du F'tour (repas de rupture du jeûne du ramadan) et après les journaux télévisés algériens et occidentaux, tous les jeune