Washington, de notre correspondant.
Le discours sur l'état de l'Union, que Clinton devait prononcer dans la nuit devant le Congrès, restera peut-être dans l'histoire comme une grande occasion manquée. Le Président et ses conseillers avaient passé des semaines pour élaborer ce qui devait, dans l'esprit de Clinton, passer à la postérité comme l'apothéose du «clintonisme», en même temps que lancer le Parti démocrate à la reconquête du Congrès, lors des législatives de mi-mandat, en novembre, et porter Al Gore à la Maison Blanche en l'an 2000. «Le clintonisme existe», explique Will Marshall, qui préside le Progressive Policy Institute, un des centres d'études du Parti démocrate. Il le définit comme «un effort sérieux, concerté et plus ou moins cohérent pour adapter la politique progressiste (on dirait social-démocrate en Europe, Ndlr) aux réalités économiques et sociales du XXIe siècle». Clinton lui-même avait résumé son ambition dans un entretien récent: il veut léguer au pays «une nouvelle conception du gouvernement par delà la vieille polémique entre ceux qui pensent que le gouvernement est un problème et ceux qui y voient une panacée». Son Discours d'hier soir, dont les thèmes avaient été distillés dans les medias avant que n'éclate le scandale Lewinsky, devait être l'illustration de cette réhabilitation du gouvernement fédéral, dont les républicains avaient fait l'ennemi principal pour s'emparer du Congrès, en 1994.
Au coeur du discours, Clinton a placé les deux problèmes