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Libération

ALGERIE : Scènes d'une fin de ramadan sanglant à Alger. Le mois de jeûne se termine aujourd'hui.

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publié le 29 janvier 1998 à 17h14

Alger, envoyés spéciaux.

Mardi soir, toute l'Algérie était dans la lune. Pourvu que la fin du ramadan tombe dès mercredi, titrait la presse. Comme chaque mois de carême depuis le début des violences, cette période de jeûne fut en effet marquée par une flambée de tueries, plus de 1 200 morts dans les massacres, plus de 50 attentats à la bombe. «Maintenant, cela fait partie intégrante de la tradition», dit un enseignant. D'autant que, cette année, une intense activité diplomatique et politique a agité un mois où, traditionnellement, l'Algérie tourne au ralenti. Après la venue de la troïka européenne à Alger la semaine dernière, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a abordé devant l'Assemblée nationale le problème sécuritaire, annonçant la poursuite de la distribution d'armes à la population. Finalement, les astres, l'Arabie Saoudite et la Commission du croissant lunaire (au ministère algérien des Affaires religieuses) ont décidé que la fête de l'Aïd el-Fitr tomberait jeudi. Hier matin, accablé par la perspective d'une journée de jeûne supplémentaire, un policier se lamentait: «Encore un jour de suspens: survivrai-je ou non?» Lundi, quartier Frais Vallon.

Tout en haut du talus se trouvent les habitations de pierre, dont les pièces obscures et basses débouchent sur des courettes inondées de soleil. Personne nulle part, sauf deux femmes sur un pas de porte. «Tout le monde a fui le quartier depuis longtemps pour se réfugier dans la famille en ville. Nous, nous sommes trop vieilles»,