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Libération

L'héritage oublié de Gandhi. L'Inde célèbre les 50 ans de la mort du Mahatma. Retour sur la «marche du sel» qui lança son combat pour les démunis.

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publié le 30 janvier 1998 à 17h18

Ahmadabad-Dandi, envoyé spécial.

L'obscurité est tombée sur Dandi. Partout, sur la ligne d'horizon, ils sont des dizaines à sortir peu à peu des champs de tabac. Ombres affaissées qui avancent d'un pas lourd, le dos encore cassé par les fardeaux de la journée. Lentement, les shudras, les «travailleurs de la terre», rentrent chez eux, entassés qu'ils sont sous des tentes et des cahutes en bordure de route, depuis des générations. «Oui, je sais que Gandhi est venu par ici, dit une femme sans âge, ses deux enfants dans les bras, mais c'était il y a bien longtemps. Pour moi, cela ne veut pas dire grand-chose. J'essaie seulement de nourrir ma famille.» A côté, une gamelle de riz cuit au milieu des détritus, convoitée par des chiens errants.

C'est bien là en effet que, le 6 avril 1930, Gandhi, «père de la nation indienne», achevait sa «marche de sel», qui allait devenir le symbole de la lutte pour l'indépendance. Après plus de 300 kilomètres parcourus avec 78 de ses disciples d'Ahmadabad à Dandi, à l'est du Gujrat, son Etat de naissance, Gandhi s'agenouillait dans les marais salants et ramassait une poignée de sel dans un geste de défi. Un décret venait d'être bafoué, celui qui interdisait à tout Indien de posséder ou de produire du sel sans payer la taxe de l'empire. D'un seul élan, la nation allait suivre l'apôtre de la non-violence, avant de se libérer de l'emprise britannique dix-sept ans plus tard.

Icône. Aujourd'hui, toutefois, au cinquantième anniversaire de la mort de Gandhi,