Londres, de notre correspondant.
Répondant finalement à une très ancienne demande des catholiques d'Irlande du Nord, Tony Blair a annoncé hier qu'une nouvelle enquête serait menée vingt-six ans après la tuerie de Londonderry. Le dimanche 30 janvier 1972, l'armée britannique avait tiré sur une foule de catholiques désarmés manifestant dans cette ville du nord-ouest de l'Irlande pour leurs droits civiques et tué 14 personnes. Une enquête menée à l'époque par un haut magistrat britannique, Lord Widgery, avait, contre toute évidence, exonéré les troupes britanniques et le Bloody Sunday est resté depuis le symbole de la répression britannique, marquant à tout jamais la coupure entre la minorité catholique et Londres. Derry a élevé un monument aux morts du Bloody Sunday, dont les noms sont connus par tous ses habitants catholiques. L'enquête annoncée par le Premier ministre britannique sera menée par trois juges: un Britannique, lord Saville, et deux magistrats issus de pays du Commonwealth. Ils devront examiner les nouveaux éléments rendus publics, notamment un épais dossier diffusé hier soir par le gouvernement irlandais.
Des témoignages, ignorés par lord Widgery qui avait refusé en 1972 d'interroger les blessés, ainsi que de nouvelles analyses balistiques, contredisent la thèse officielle selon laquelle l'armée avait répondu à des tirs en provenance de la manifestation. Déjà en 1992, le Premier ministre conservateur John Major avait officiellement reconnu que les 14 victimes de l