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Libération

«Monicagate»: la contrition des médias américains. Le public est las du cirque médiatique sur l'affaire Clinton.

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publié le 3 février 1998 à 19h26

New York, de notre correspondant.

Il est minuit passé jeudi sur la chaîne ABC. L'humoriste Bill Maher ouvre son émission nocturne Politically Incorrect par les dernières infos du jour. «Andy dit qu'il a eu une liaison de cinq ans avec Monica Lewinsky qui lui a dit qu'elle avait eu une liaison avec un personnage important de la Maison Blanche, évidemment le Président, qui lui-même avait une liaison avec Sheila Lawrence (la veuve de l'ancien ambassadeur des Etats-Unis en Suisse, ndlr) et des tas d'autres femmes alors qu'il est marié à la First Lady, qui, au fait, nous a, grosso modo, dit hier Dick Morris (ancien conseiller politique de Bill Clinton, ndlr), est une lesbienne qui"» Puisé dans les journaux et sur les télés ­ dont il a seulement éliminé le conditionnel et les mises en garde ­, le résumé de Bill Maher en une seule phrase donne une idée des conséquences du grand déballage médiatique du «Monicagate». Quand même les comiques s'inquiètent des excès du sensationnalisme, il est clair qu'un seuil nouveau a été franchi. Ce reproche est en train de faire l'unanimité et témoigne d'une nouvelle crise de confiance entre les journalistes et leurs lecteurs. Les sondages des derniers jours révèlent un phénomène inattendu: la popularité de Bill Clinton n'est guère écornée mais celle des médias, oui. «En diffusant des informations sur la base de 10 à 20% de faits et, pour le reste, de quantité de rumeurs impossibles à vérifier, nous sommes en train d'écrire un triste chapitre de l'