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Enquête

Enquête sur les réseaux de la compagnie : Elf, banquier du pétrole et de la guerre en Afrique.

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Créée dans les années 70, la Fiba, banque contrôlée par Elf et le président du Gabon, brasse en coulisses les millions de l'or noir.
publié le 4 février 1998 à 19h17

L'«affaire Dumas», si tant est qu'elle débouche sur une quelconque mise en cause du président du Conseil constitutionnel, ne constitue qu'une partie de «l'affaire Elf». On oublie en effet trop souvent que c'est en cherchant à comprendre comment et pourquoi l'entreprise pétrolière était venue au secours du groupe textile Biderman que la juge Eva Joly est tombée sur une foultitude d'agissements délictueux commis par des salariés de l'entreprise. Sur ce seul volet, une dizaine de dossiers (abus de biens sociaux, détournements de commissions,...) font à ce jour l'objet d'une information judiciaire. Au point de départ, en 1995, le personnage central s'appelle Loïk Le Floch-Prigent, l'ancien patron d'Elf. Trois ans et une lettre anonyme plus tard (lire p 4), d'autres noms sont venus alimenter la chronique. Certains ont connu ou connaissent la prison, d'autres sont en fuite et chaque semaine apporte son lot d'informations nouvelles. L'affaire part maintenant dans tous les sens, en France certes, mais surtout en Suisse et à Taiwan. Le montant des commissions occultes gonflent ­ sur ce seul volet on doit atteindre au bas mot les 600 millions de francs ­ et l'ampleur des malversations ont d'ores et déjà des allures de scandale. Mais cette «affaire Elf-Biderman» n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan des agissements du groupe pétrolier dont le chiffre d'affaires dépassait en 1996 les 232 milliards de francs. Non content de faire la pluie et le beau temps en Afrique depuis des décennies