Deux mois et demi après des élections législatives qui se sont
soldées par une majorité des deux tiers pour la droite et le centre, le roi Hassan II a nommé hier un Premier ministre socialiste, Abderahmane Youssoufi. Rompant avec trente-cinq ans d'hégémonie des «partis de l'administration», l'alternance au gouvernement se réalise ainsi, conformément aux voeux du souverain.
Elle est issue du palais et non des urnes, même si, le 14 novembre, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) est sortie en tête du scrutin, avec 18% des suffrages et 57 des 325 sièges de la Chambre basse du Parlement marocain. Dépourvu de majorité, le nouveau Premier ministre depuis l'indépendance en 1956, le premier socialiste à former un gouvernement dépendra d'alliés à l'Assemblée nationale en dehors du «bloc démocratique» dont l'autre grand parti, l'Istiqlal, n'est même pas sûr de le soutenir.
Il y a un mois, l'élection du nouveau président du Parlement, le socialiste Abdelwahed Radi, avait cependant révélé les contours d'une base parlementaire. A l'occasion, aux voix du «bloc démocratique» s'étaient ajoutées celles des neuf islamistes légaux et, plus important, celles du Rassemblement national des indépendants (RNI). Ce dernier, qualifié de parti du centre, est dirigé par un ancien premier ministre, Ahmed Osman, également beau-frère de Hassan II.
Dans les milieux politiques à Rabat, on s'attendait hier soir à ce que Abderahmane Youssouf, avocat de 74 ans originaire de Tanger, offre à Ahmed Osm