Palma de Majorque, envoyé spécial.
Le cadeau royal pourrait se révéler empoisonné. Un groupe de millionnaires de Palma de Majorque (îles Baléares) a décidé d'offrir au roi d'Espagne ce dont il rêvait depuis longtemps: un yacht à faire pâlir d'envie la reine d'Angleterre. Quarante mètres de long, et capable de filer 40 noeuds. Amoureux de la mer, Juan Carlos Ier s'est empressé d'accepter le luxueux joujou, qui devrait sortir des chantiers navals de Cadix d'ici un an. Mais déjà, la polémique enfle. Le chef de l'Etat espagnol peut-il accepter un tel cadeau? «On imagine le scandale aux Etats-Unis si de riches Texans offraient un ranch à Bill Clinton. Si le roi veut un yacht, il n'a qu'à se le payer, comme tout le monde», attaque Eberhard Grosske, qui dirige à Majorque la coalition Izquierda unida, regroupée autour des communistes. Sauf que tout le monde, même le roi d'Espagne à la fortune maigrelette comparée à celles d'autres monarques européens n'est pas capable de débourser 120 millions de francs, soit trois fois le montant du «budget royal» annuel.
Les chefs d'entreprises majorquins affinent leurs arguments pour déjouer les critiques. Le yacht sera payé à travers une «Fondation touristique et culturelle des Baléares», créée pour l'occasion: ça ne veut pas dire grand chose et ça permet, au passage, des abattements fiscaux, mais au moins sera-t-elle ouverte à tous. «L'idéal serait une participation massive des Majorquins, se défend Miquel Vicens, du groupe touristique Sunto