Miami, de notre correspondant.
Juan Pastoriza, animateur vedette de Radio Uno, rêvait de refaire le coup de la «guerre des mondes» qui avait affolé l'Amérique dans les années 50 quand le jeune Orson Welles avait annoncé en direct une attaque d'extra-terrestres. Pastoriza a obtenu le même effet dimanche soir en remplaçant les martiens par les militaires et en décrivant le déclenchement d'un coup d'Etat à Asunción. Des interviews bidons, avec la complicité d'un imitateur, avaient même renforcé le réalisme du «reportage».
Le standard de la radio a été aussitôt engorgé, la rumeur a parcouru la capitale, et le président Juan Carlos Wasmosy a piqué une grosse colère. Lundi, il a fait taire Radio Uno en invoquant une loi établissant «que les émissions de radio devaient être basées sur des nouvelles objectives et des sources responsables». La station a cependant retrouvé sa voix le lendemain après que Juan Pastoriza eut fait amende honorable, se déclarant unique responsable de l'émission incriminée, ayant eu pour «seule intention de provoquer l'hilarité». Son succès devait moins en l'occurrence à ses talents de bonimenteur qu'à la crédibilité de la situation imaginée. Vendredi, l'irruption de blindés dans les faubourgs d'Asunción et d'avions de combat dans le ciel avait déjà fait croire à une tentative de putsch, avec objectif supposé de s'opposer à la libération faussement annoncée de l'ancien général Lino Oviedo, aux arrêts depuis le 12 décembre.
A trois mois de l'élection président