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Libération

L'ombre de Moï sur les tueries au Kenya

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Le parti du Président aurait «puni» l'ethnie kikuyu d'avoir «mal» voté en décembre.
publié le 9 février 1998 à 19h49

En visite au Kenya pour parler droits de l'homme et démocratie, le pasteur américain Jesse Jackson est sorti horrifié hier de l'hôpital de Nakuru, une ville située à 170 km au nord-ouest de Nairobi. L'ancien militant des droits civiques des Noirs, aujourd'hui conseiller de Bill Clinton, venait d'y rencontrer l'une des victimes des violences qui ont éclaté dans la vallée du Rift à la mi-janvier, peu après des élections législatives bâclées. L'homme avait le nez et les lèvres tranchées à la machette et attendait qu'un chirurgien lui extraie trois flèches du dos. Jesse Jackson, qui, après le Kenya, doit porter son message de paix en république démocratique du Congo et au Liberia, n'a pu que murmurer: «Des frères ne devraient pas s'entre-tuer" Nous allons demander au président Moï de faire tout son possible pour que la région retourne au calme.»

Pour le moment, la présidence kenyane s'est contentée de décréter un couvre-feu dans les villes du district de Nakuru. Lors des attaques et des tueries qui ont déjà fait plus d'une centaine de morts et chassé plusieurs milliers de personnes de leur domicile, la police est restée passive selon deux observateurs occidentaux envoyés fin janvier dans la région par l'ambassade des Pays-Bas à Nairobi. Ils ont aussi constaté que les assaillants semblaient savoir quelles maisons attaquer et lesquelles épargner. A en croire les autorités, il s'agirait d'affrontements tribaux et d'histoires de vol de bétail qui auraient dégénéré. Les signes relevés