Homme de convictions, l'archevêque de Douala n'hésite jamais à
s'engager. Surtout quand il s'agit de justice, l'un des thèmes de réflexion prioritaires de la Conférence épiscopale. Absent du Cameroun quand Pius Njawe a été emprisonné, le cardinal Christian Tumi, l'un des hommes d'Eglise les plus éminents du continent africain, a envoyé une lettre d'encouragement au journaliste, et tente ces jours-ci de le rencontrer à la prison de New-Bell.
Comment avez-vous réagi à la condamnation de Pius Njawé?
Je suis étonné, comme tout le monde, qu'on puisse être jugé pour avoir posé une question. Le journal de Pius Njawe s'est demandé si notre chef d'Etat était malade. On peut être surpris que cela vaille d'être traduit en justice, et avec une telle diligence. Est-ce parce qu'il s'est attaqué à la personne du Président?
Une personnalité importante ne peut pas échapper à l'intérêt public. La santé de notre Président, ça intéresse tout le monde. Même le pape parle de sa santé, et les journaux en parlent régulièrement. Dans l'avion qui allait à Cuba, on lui a posé la question: «Et votre santé, Sa Sainteté?» Le pape a répondu: «Quand je veux en connaître les détails, je lis les journaux.» C'est inévitable quand on occupe une place aussi importante dans la société. Mais, chez nous, c'est autrement.
Autrement, parce qu'il y a de la censure?
C'est ce que nous croyons, nous les observateurs, car on ne voit ni le crime que Pius Njawe a commis, ni la gravité de la chose.
Sa condamnation est liée au fa