La Russie a franchi hier un pas dans l'escalade verbale destinée à
empêcher les Etats-Unis de mener une action militaire contre l'Irak, une opération d'ores et déjà baptisée «Tonnerre du désert». Pour le ministre russe de la Défense, le maréchal Igor Sergueïev, qui accueillait hier à Moscou son homologue américain William Cohen, la crise irakienne «touche les intérêts vitaux de la Russie». Le ministre a également affirmé que la coopération russo-américaine en matière de défense serait affectée par une éventuelle opération américaine en Irak.
Malgré cette tonalité, William Cohen a déclaré à la presse, après son entretien avec le maréchal Sergueïev: «Nous avons une meilleure compréhension de nos positions respectives, mais nous continuons à être en désaccord en termes de méthode pour atteindre les objectifs ultimes que nous partageons», faisant allusion au contrôle par l'Onu des armes de destruction massive de l'Irak. De son côté, le ministre russe a répété, en présence de William Cohen: «Notre point de vue est que nous devons trouver une solution uniquement pacifique pour atteindre (cet) objectif».
La Russie, il est vrai, a dû être singulièrement agacée par les «révélations» à la une du Washington Post d'hier, coïncidant avec le séjour moscovite de William Cohen: selon le quotidien, les inspecteurs de l'ONU en Irak auraient découvert des documents ayant trait à un accord de 1995 entre la Russie et l'Irak prévoyant la vente à ce pays d'équipements pouvant servir à développer des