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Libération

Indonésie: Suharto se sent en danger. Le général-président a nommé des fidèles à la tête des forces armées.

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publié le 13 février 1998 à 20h11

Crise financière, crise économique, crise sociale, crise politique:

il en faudrait peu pour que la situation de ces dernières semaines en Indonésie se transforme en catastrophe pour le pouvoir. Impuissant à redresser la faillite de l'économie, en dépit des 43 milliards de dollars octroyés par le FMI, le régime autoritaire du président Suharto, parvenu au pouvoir à la suite d'un coup d'Etat en 1965, est de plus en plus contesté. A la fois par une opposition devenue audacieuse; au sein de l'armée, à en croire des rumeurs insistantes; et surtout dans la rue, où descendent des manifestants de plus en plus nombreux.

Hier, plusieurs boutiques d'Indonésiens d'origine chinoise ont été pillées et incendiées par des centaines d'habitants protestant contre la hausse des prix, à l'ouest de l'île de Java, déclenchant une nouvelle chute de la Bourse (­ 9%). Une dizaine d'émeutes semblables ont éclaté à Flores, Sumbawa et Sulawesi depuis quelques semaines, prenant invariablement pour cible la riche minorité chinoise, considérée comme proche du pouvoir. Les moins pessimistes parmi les observateurs prévoient pour les mois à venir des millions de chômeurs supplémentaires et une aggravation de la crise économique et sociale, avec la multiplication des protestations populaires contre la hausse des prix. La Malaisie et Singapour, voisins de l'Indonésie, se préparent depuis le début du mois à un afflux de réfugiés indonésiens.

Privé de la légitimité que lui procurait l'essor économique depuis les an