«Alliance militaire cherche ennemis. Toutes suggestions bienvenues,
écrire à Bruxelles, siège de l'Otan.» Sous l'oeil goguenard des Français, les pays membres de l'Otan se creusent les méninges depuis décembre dernier pour essayer de répondre à une simple question: à quoi sert l'Otan alors que la menace soviétique s'est évaporée? C'est ce que l'on appelle, en langage otanien, la «révision du concept stratégique». L'objectif est de trouver une raison d'être à l'Otan d'ici au sommet de Washington, en avril 1999. Une date triplement historique puisqu'on célébrera, en même temps, le cinquantième anniversaire de l'organisation ainsi que l'adhésion effective de la Pologne, de la République tchèque et de la Hongrie. «La tâche ne va pas être facile», admet-on dans les couloirs de l'Otan, car, désormais, il n'est plus question de désigner un ennemi ou d'identifier une menace géographiquement trop précise. L'actuel «concept stratégique», qui date de 1991, a quelque peu vieilli: l'Union soviétique est clairement désignée comme la menace principale à laquelle l'Otan devait faire face" Ce qui fait un peu désordre, puisque la Russie est officiellement devenue un «partenaire» et un allié avec lequel on discute des questions de sécurité européenne. «En fait, le problème est que l'existence de l'alliance se justifie essentiellement par le souci des Européens de maintenir une présence militaire américaine sur le Vieux Continent, explique un diplomate otanien. Evidemment, on ne peut pas le dir