La crise irakienne est à un tournant: soit Kofi Annan, le secrétaire
général de l'ONU, accepte de se rendre à Bagdad, et la crise pourrait connaître une solution diplomatique. Soit il refuse ou tergiverse, et, de l'avis de plusieurs sources diplomatiques, les Etats-Unis, qui ont mis en place dans la région le dispositif militaire le plus important depuis la guerre du Golfe, s'achemineraient vers des frappes militaires. Kofi Annan devait rencontrer, dans la nuit de vendredi à samedi, les représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité à ce sujet. Il avait déjà eu une première réunion vendredi matin. Paris, Moscou et Pékin poussent, bien sûr, le secrétaire général à se rendre en Irak, estimant qu'il pourrait ramener les concessions nécessaires pour éviter les frappes militaires. Washington, dont la machine de guerre est désormais en marche, s'y oppose, à moins que cela soit pour ramener la reddition de Saddam Hussein; le secrétaire américain à la Défense a d'ailleurs indiqué vendredi que la diplomatie n'avait plus qu'un temps limité pour réussir. Londres, enfin, jusqu'alors aligné sur Washington, semble à présent plus nuancé sur le déplacement de Kofi Annan. Quant à ce dernier, sa position est qualifiée de «flottante» par les sources diplomatiques.
Apparemment, le secrétaire général de l'ONU n'est pas insensible aux pressions américaines. Il ne se rendra à Bagdad que s'il connaît au préalable les intentions irakiennes. De plus, dit-on à Paris, «il craint pour l