Nicosie, envoyé spécial.
La coupole de la vieille église se découpe sur les collines au milieu de maisons qui pourraient sembler intactes s'il n'y avait les trous noirs des fenêtres, comme des orbites vides. Le silence est absolu et le temps figé depuis un quart de siècle. Akhna est une bourgade fantôme, à la limite de la zone occupée (37% du territoire et 200 000 Chypriotes turcs au nord de l'île), sur la «ligne verte» qui traverse Chypre sur 180 kilomètres. Là, en pleine campagne, à l'est de l'île, elle est juste marquée par quelques piquets de bois et une position de l'armée turque. La route Nicosie-Dhérynia passe à moins de 100 mètres. «Le plus terrible est de voir sa maison et ses champs à portée de main sans rien pouvoir faire et ne même pas pouvoir y aller», souligne Andronicos Artemi. Un retraité du village fut abattu, l'an dernier, en dépassant la ligne à la recherche d'escargots.
Exil forcé. Enfant, Andronicos avait fui, en août 1974, avec ses parents et les 5 000 habitants d'Akhna, l'avance des troupes turques. Ils installèrent un camp de fortune à quelques kilomètres dans un bois d'eucalyptus, convaincus de revenir très vite dans leurs foyers. Ils sont toujours là. Les tentes furent remplacées par des cabanes en bois, qui se transformèrent, au fil des ans, grâce aux massives aides gouvernementales, en des cubes de béton tous semblables quatre pièces cuisine de plain-pied , crépis de blanc. Une nouvelle église fut construite et deux grands cafés, celui des ex-co