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Libération

Le rapport post mortem qui accuse Pékin. En 1962, le 10e panchen-lama dénonçait les exactions chinoises au Tibet.

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publié le 14 février 1998 à 20h19

Pékin, de notre correspondante.

Considéré comme un personnage énigmatique, ambigu dans le meilleur des cas, parfois comme un collaborateur ou un traître par les Tibétains en exil, le 10e panchen-lama, second personnage de la hiérarchie religieuse et politique du Tibet, voit son image réhabilitée, post mortem, grâce à la publication par Tibet Information Network ­ probablement le réseau d'informations le plus impartial sur le Tibet ­ d'une «pétition en 70 000 caractères», publiée en 1962 par le panchen-lama.

Ce texte, jusqu'à ce jour resté dans les arcanes très secrètes du Parti communiste chinois, démontre que la politique systématique d'annihilation de la culture et de répression du peuple tibétain était patente dès la fin des années 50. Ce qui réfute sans ambiguïté l'un des points centraux de la propagande de Pékin, qui attribue la plupart des exactions chinoises commises au Tibet aux «erreurs» de la période de la Révolution culturelle (1966-1976) et à la «Bande des Quatre». «La population du Tibet a gravement diminué. Cela menace l'existence de la race tibétaine», écrit le panchen-lama en 1962. Plus loin, il redoute l'extinction de son peuple et la tentative du Parti communiste d'éradiquer la religion bouddhiste. Le panchen-lama y détaille la destruction des monastères dans la Région autonome du Tibet, dont le nombre est passé de 2 500 en 1949 à 70 en 1961. Dans le même temps, le nombre de moines a été réduit de 93%. Il décrit la façon dont les autorités chinoises «séparai