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Libération

Jordanie: la rue penche pour l'Irak. Le roi qui soutient Washington doit ménager son opinion.

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publié le 16 février 1998 à 18h06

Amman, envoyé spécial.

Les policiers sont partout. Ils épient les abords du bâtiment, bloquent l'entrée principale et s'aventurent jusque dans le hall. La première réunion de solidarité avec l'Irak se déroule sous haute surveillance. A l'appel des principaux partis d'opposition, près de 500 personnes s'entassent dans la maison des syndicats, bravant la pluie et les cordons de sécurité. «On a empêché nos frères de pénétrer dans Amman», s'écrie l'un des organisateurs. Pour tous ces hommes, c'est quasiment des retrouvailles. Sept ans après la guerre du Golfe, qu'ils soient islamistes ou panarabes, les voilà à nouveau unis contre l'«agression américaine». «En attaquant l'Irak, les Etats-Unis frappent l'ensemble de la nation arabe», lance un député baassiste Fouad Dabour. Les orateurs s'en prennent également au pouvoir jordanien, qui, lors du précédent conflit, flirtait pourtant avec Saddam Hussein. «Notre pays est aujourd'hui contre l'Irak, tonne l'islamiste Leith Schbeilat sous les applaudissements. C'est pourquoi il masse des troupes près de la frontière et participe à des manoeuvres avec Israël, la Turquie et les Etats-Unis. Ce sont des mains arabes qui exécutent aujourd'hui le projet sioniste en Jordanie.»

Aide américaine. La monarchie hachémite a cette fois clairement choisi son camp. Le roi Hussein est sorti de son silence le 31 janvier, alors que la secrétaire d'Etat Madeleine Albright cherchait désespérément des alliés au Moyen-Orient. Dans une lettre à son frère Hassan, m