Avec la condamnation, jeudi dernier à Nouakchott, de cinq militants
d'associations de défense des droits de l'homme et de la démocratie à de lourdes peines treize mois de prison ferme, 1 000 francs d'amende et l'interdiction des associations en question , le pouvoir mauritanien a lancé un avertissement à toutes les forces d'opposition qui tentent d'utiliser la question sensible de l'esclavage pour déstabiliser un régime extrêmement verrouillé. A l'origine de ce procès, il y a la diffusion, le 15 janvier dernier par France 3 et Canal France international, d'un reportage réalisé en marge du Paris-Dakar. En sept minutes, il abordait la question explosive de la persistance de l'esclavage dans ce pays, qui l'avait pourtant officiellement aboli en 1980. Seul Boubacar Messaoud, président de SOS Esclavage, apparaît dans le documentaire. Profitant de l'indignation suscitée en Mauritanie par le reportage, le pouvoir du président Ould Taya en a profité pour traduire également en justice Cheikh Saad Bouh Camara et Fatima M'Baye, respectivement président et vice-présidente de l'Association mauritanienne des droits de l'homme, et Brahim Ould Ebetti, avocat et président de Gerdess, une association d'observation du scrutin électoral. Des poursuites ont, par ailleurs, été engagées contre un militant de SOS Esclavage installé en France, Abdel Nasser Ould Yassa.
«Le reportage n'a été qu'un prétexte. L'émotion réelle que sa diffusion a soulevée a permis au pouvoir de resserrer les boulons des