Varian Fry est mort en 1967, à 59 ans, pratiquement inconnu. Il est à l'époque simple prof de latin dans le Connecticut. Et plus grand monde ne se souvient qu'au début de l'Occupation, il a passé treize mois en France dans la zone libre, prêtant assistance à environ 4 000 antinazis et juifs allemands, autrichiens, tchèques, polonais ou français, et en sauvant directement 1 500. Dont André Breton, Max Ernst, Marc Chagall, André Masson, Jacques Lipschitz, Hans Namuth, Marcel Duchamp, Heinrich Mann et son neveu Golo, fils de Thomas, Jean Malaquais, Victor Serge, Hannah Arendt, Victor Brauner, Hans Sahl, Benjamin Péret, Franz Werfel et Wilfredo Lam. L'oubli a été tardivement réparé. D'abord par un livre, Marseille New York, qu'a écrit Bernard Noel en 1985 (1); ensuite par l'Institut Yad Vashem, en Israël, qui a fait figurer son nom parmi les «justes» qui ont sauvé le peuple juif. Enfin aujourd'hui, par le musée juif de New York, qui présente une exposition sur son activité humanitaire. Sauf-conduit de la YMCA. C'est en 1935, en voyage en Allemagne, que ce fils d'un financier protestant de la côte Est, ancien étudiant à Harvard, assiste à un pogrome qui le marque à jamais. En 1940, la guerre met la France à genoux. Angoisse de Fry qui voit le pays des droits de l'homme signer un armistice dont l'article XIX stipule que le gouvernement français devra «livrer sur demande tous les Allemands, désignés par les autorités d'occupation, qu'ils habitent sur le territoire français propreme
Fry, agent secret humanitaire sur la Canebière
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par Edouard WAINTROP
publié le 17 février 1998 à 18h20
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