Buenos Aires, correspondance.
Jour après jour éclatent de nouvelles révélations sur les «années de plomb» ravivant les souvenirs de l'horreur. Vendredi dernier, la justice suisse confirmait, une nouvelle fois, que plusieurs tortionnaires argentins possèdent des comptes bancaires dans ce pays. Deux autres cas avaient été révélés il y a quinze jours. La procureur suisse, Carla del Ponte, répondait à la demande du juge espagnol Baltasar Garzon qui enquête depuis plusieurs mois sur la disparition de près de 600 citoyens de son pays sous la dernière dictature argentine (1976-1983). Les titulaires des comptes sont Roberto Roualdes (décédé) et Carlos Vega, deux chefs de centres illégaux de détention sous la dictature; le général Antonio Bussi, actuel gouverneur de la province de Tucuman (Nord); et Alfredo Astiz, récemment exclu de la Marine pour son apologie des méthodes répressives de la «sale guerre». Tous auraient pu agir pour le compte de chefs militaires de plus haut rang. La levée du secret bancaire permettra d'en savoir plus sur les dates d'ouverture de ces comptes et leurs mouvements. Pour les organismes de défense des droits de l'homme, leur existence ne fait que confirmer la pratique courante des militaires de spolier les familles des disparus. La «guerre sale», menée au nom de la patrie, drainait ainsi sa part «d'argent sale».
Outre la saisie des biens personnels lors des enlèvements ou encore la vente d'informations aux familles sur le sort des disparus, les militaires a