New Delhi, de notre correspondant.
C'est un de ces terrains vagues si familiers à l'Inde, situé entre les quartiers d'habitation illégaux mangés par la poussière. Mais ce matin, bien avant l'aurore, le spectacle est inédit: quelques centaines de «jeunes, chemise blanche repassée et short kaki, cheveux ras, se livrent à une gymnastique toute militaire. Face à des rangs bien alignés, un maître de séance impose un rythme d'enfer, hurle, encourage ou menace les traînards. Soudain un coup de sifflet; un volontaire vient hisser un drapeau safran, couleur de l'hindouisme, et tous de se raidir en un salut martial, la main droite tendue à hauteur de poitrine, perpendiculaire au buste. Un chant patriotique fuse: «Tout ce que nous avons, nous le donnons à la Nation/Respirons à la gloire de la Mère Patrie/Une lampe en allume une autre/Que personne ne pourra jamais éteindre». «Arana» (repos), hurle l'instructeur. Un petit déjeuner frugal est servi, thé au lait et idli (boulettes de riz). Dans la foulée, c'est l'heure des exercices «intellectuels». A l'étage, un professeur d'université de sanskrit écrit sur un tableau le thème du jour: «La fierté d'être hindou.» S'ensuit une série de questions-réponses dans une stricte discipline. «Nous les hindous, sommes-nous une force microscopique?», interroge le maître. Silence de mort. Puis un bambin se lève. «En apparence, oui, mais en fait, nous sommes une puissance de l'ombre», récite-t-il comme un catéchisme bien appris. «Faut-il se laisser atta