Moscou, de notre correspondante.
La Russie va poursuivre les réformes sans en infléchir le rythme. Mais Boris Eltsine entend bien que cette politique assure enfin un décollage économique. S'exprimant hier devant le Parlement, le chef de l'Etat a clairement averti le gouvernement: si les prochains mois n'apportent pas d'amélioration, les hommes seront changés.
En plaidant ainsi pour la continuité, le président russe a probablement voulu rassurer la communauté internationale, en particulier les investisseurs, inquiets de l'incertitude qui règne sur le sort d'Anatoli Tchoubaïs, le numéro deux du gouvernement, considéré comme le garant des réformes. Mais, en maintenant une épée de Damoclès sur la tête du cabinet, Eltsine n'aura rassuré qu'à moitié. Le chef de l'Etat, qui délivrait son discours annuel devant les deux Chambres du Parlement, s'est livré à son exercice favori: le jeu de l'équilibre. Evoquant le problème endémique des retards de salaires, il a distribué les mauvais points aux deux tendances qui composent le cabinet. Le Premier ministre Viktor Tchernomyrdine, partisan de réformes modérés, en a pris pour son grade. Mais Tchoubaïs n'a pas été épargné.
«L'un des grands objectifs de l'année 1997 était de diminuer les arriérés de salaires», a rappelé Eltsine. A plusieurs reprises, le chef de l'Etat avait lui-même promis que l'Etat réglerait toutes ses dettes salariales d'ici au début 1998. En vain: non payés depuis des mois, des enseignants, des mineurs, des médecins manifest