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Libération

Quinze ans de tortures en Casamance.

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Un rapport d'Amnesty, accablant pour les autorités sénégalaises, n'épargne pas la guérilla.
publié le 18 février 1998 à 18h23
(mis à jour le 18 février 1998 à 18h23)

Ce sont de petits dessins, maladroits mais expressifs. Des scènes de tortures, légendées avec précision: le nom du village ou du cantonnement militaire où la scène s'est déroulée, ou la signature de l'auteur: «J'ai été victime de ce que vous voyez là.» Ce que l'on voit, c'est un corps à moitié enfoui dans un trou et trois militaires en train de frapper à coups de bâton et de bottes ce qui dépasse, des jambes liées. Ces dessins viennent du Sénégal, pays démocratique qui a modifié son code pénal en 1996, pour y inscrire que tout acte de torture est une infraction à la loi, même en cas «de guerre, de menace de guerre, d'instabilité politique intérieure».

Comment faut-il donc appeler ce qui se passe en Casamance depuis bientôt quinze ans? La terreur, répond Amnesty International, qui a publié hier un rapport (1) qui fait le point sur la sale guerre opposant l'armée sénégalaise aux rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), dans le sud du pays. Ce conflit qui s'éternise, malgré des tentatives de dialogue chaque fois avortées, est en train de briser lentement une population d'agriculteurs, de ruiner une région autrefois promise à une relative prospérité. La violence, utilisée de part et d'autre, et de préférence devant témoins, les délations anonymes et les «disparitions» ont créé un climat de peur et de suspicion qui, au fur et à mesure que le temps passe, réduit les espoirs de réconciliation nationale.

Plastique en fusion. Si le MFDC porte sa part de res