Jérusalem, de notre correspondant.
La télévision publique israélienne change de tête et d'esprit. Benyamin Netanyahou lui reprochait d'être trop à gauche et de ne pas avoir accepté le verdict des urnes. Il vient de lui désigner un nouveau patron, plus conforme à ses goûts. Uri Porat, qui remplacera, dans deux mois, l'actuel directeur général Mordechai Kishenbaum, se situe clairement à droite.
Le Premier ministre a annoncé sa décision, lundi, au conseil d'administration de l'Autorité israélienne de diffusion (AID). «Je ne suis pas ici pour entreprendre une purge mais pour introduire une saine gestion dans un établissement qui en a besoin», s'est-il exclamé. Ces propos sont loin d'avoir calmé les craintes des professionnels.
Uri Porat a laissé dans l'audiovisuel israélien un souvenir pour le moins contrasté. Ancien conseiller à la communication du Premier ministre du Likoud Menahem Begin, il a dirigé la télé israélienne entre 1984 et 1989. «Son précédent mandat, écrit le quotidien de gauche Ha'Aretz, a été marqué par une ingérence sans précédent du gouvernement dans les choix rédactionnels de la chaîne.» Ainsi avait-il imposé au journal télévisé un vocabulaire très politiquement correct. Le mot intifada, le soulèvement palestinien, était proscrit: les présentateurs devaient parler de «troubles» ou d'«agitation». Il fallait dire «Judée et Samarie» au lieu de «Cisjordanie», ou, pire encore, «territoires occupés». «En ce temps-là, poursuit Ha'Aretz, l'écrivain David Grossman avait