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Libération
Reportage

Burundi: la rébellion hutue sur le déclin.

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L'activité économique a repris, l'armée contrôle le pays, mais la paix reste fragile.
publié le 19 février 1998 à 18h08
(mis à jour le 19 février 1998 à 18h08)

Bujumbura, envoyé spécial.

Du matin au soir, dans la capitale, les Hutus et les Tutsis se posent une seule question. Celle que se posent tous les Africains des pays voisins. Qui va remporter la finale de la Coupe d'Afrique des Nations à la fin du mois à Ouagadougou? Au maquis (gargote locale) Braise Dorée, chez Boukera, aux terrasses de chez Adèle, dans le quartier Kanosha, ou à La Crête d'Ijenda à 20 kilomètres, dans les cours et dans les jardins, ils en discutent entre collègues, copains ou en famille, entre trois retransmissions télévisées de match. Parfois, ils parlent aussi de la guerre et de l'embargo, quotidiennement présents autour d'eux. Tirs de Kalachnikov. A Bujumbura, le grand marché a retrouvé sa foule fébrile où se mêlent des paysans descendus à la fin de la nuit des collines (avant l'installation des «taxeurs» qui rackettent sur les routes), les ménagères âpres dans leurs pourparlers et les commerçants alentour. Les barques noires des pêcheurs repartent sur le lac. Toutes les écoles et les universités ouvrent leurs portes à des élèves et étudiants ponctuels. Les trafics de voitures sont à peine ralentis à certains carrefours par des barrages militaires. Pourtant, il suffit de lever les yeux pour repenser à la guerre. D'un côté, les collines vertes qui disparaissent sous les nuages orageux, d'où descendent les raids des rebelles. De l'autre côté, les eaux vides du lac Tanganika, bordé par les grues quasi immobiles du port. Depuis l'attaque de l'aéroport, dans