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Libération

Espagne: Gonzalez renversé par un «coup d'Etat de salon»? Les socialistes dénoncent une conspiration de droite en 1993-1996.

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publié le 19 février 1998 à 18h07

Madrid, de notre correspondant.

La droite espagnole a-t-elle «conspiré», dans les années 1993 à1996, pour déloger les socialistes du gouvernement? Ceux-ci affirment qu'il y a bien eu, à l'époque, une tentative de «coup d'Etat de salon» pour en finir avec Felipe Gonzalez. Ils s'appuient sur les révélations sulfureuses de Luis Maria Anson, l'ex-directeur du quotidien ultraconservateur ABC. «Il fallait en finir avec Gonzalez», vient d'expliquer, en forme d'aveu, Luis Maria Anson à l'hebdomadaire Tiempo, «nous avons dû élever le ton de la critique jusqu'à des extrêmes qui ont affecté ["] l'équilibre de l'Etat lui-même». Dans ce «nous», l'ancien directeur d'ABC inclut les responsables et éditorialistes des principaux médias proches de l'opposition d'alors. Les quotidiens El Mundo et Diario 16, la chaîne de TV privée Antena 3, la radio Cope, propriété de l'Eglise", tous unis dans une campagne anti-Felipe, sciemment orchestrée. Retour en arrière: le 6 juin 1993, le PSOE remporte les élections pour la quatrième fois consécutive, alors que le Parti populaire (PP) était donné gagnant. Au soir des résultats, pâles de rage, certains dirigeants de la droite en arrivent même à mettre en doute la validité des décomptes de voix donnés par le ministère de l'Intérieur, et insinuent une manipulation. Cette frustration fondamentale va envenimer le climat politique jusqu'aux élections suivantes, le 3 mars 1996 ­ remportées par le PP d'une courte encolure de 300 000 suffrages (1,2% des voix). Les