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Libération
Reportage

Déchirements religieux au Pakistan. Depuis un an, les tueries entre musulmans sunnites et chiites se multiplient.

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publié le 20 février 1998 à 18h36

Lahore, envoyé spécial.

Les portes du cimetière Mominpura sont fermées. A l'entrée, un policier armé contrôle les visiteurs. Sur le sol de pierre, entre les tombes, les tâches de sang n'ont pas été effacées. Un peu plus loin, les piliers de béton portent les traces des balles. Ici, dans le plus grand cimetière chiite de Lahore, au Pendjab, trente hommes, femmes et enfants ont été froidement assassinés le 11 janvier. Les terroristes, munis de fusils automatiques, ont tiré sur les centaines de personnes venues écouter un dignitaire religieux. «Ils sont arrivés sans se faire remarquer. Ils n'ont pas pu aller très loin, car les allées du cimetière étaient bondées, raconte un témoin, alors ils ont tiré à bout portant, pendant plusieurs minutes.» Plus tard, l'attentat fut revendiqué par un groupe sunnite clandestin, le Lashkar-i-Jhangvi. En guise d'explications, les meurtriers ont parlé de «représailles» après des attaques menées contre les mosquées sunnites.

Depuis un an, le Pakistan musulman n'en finit plus de compter les victimes de ses violences intercommunautaires. En 1997, les tueries ont coûté la vie à près de 200 personnes au Pendjab. Récemment, le journal Jang assurait que les massacres avaient augmenté de 450% depuis le début des années 90. Au point que le Premier ministre, Nawaz Sharif est aujourd'hui politiquement menacé par l'infernale escalade. «Les problèmes entre les chiites et les sunnites sont traditionnels au Pakistan, explique Rasheed Rahman, rédacteur en chef ad