Cette fois, Kofi Annan est bien, comme il aime à décrire son rôle, «l'homme au milieu de la mêlée». En entreprenant sa «mission de la dernière chance», le secrétaire général des Nations unies a pris un risque certain. Celui de se voir humilié par une fin de non-recevoir de Saddam Hussein, comme l'avait été un de ses prédécesseurs, Javier Perez de Cuellar en 1991. Et celui d'être dénoncé aux Etats-Unis par les «faucons» hostiles à tout compromis avec Saddam Hussein. «Bien sûr, il sait qu'il va prendre des coups, mais il estime que c'est son rôle», dit Mohamed Ould Abdallah, un de ses amis, qui a longtemps travaillé à ses côtés aux Nations unies et qui dirige aujourd'hui à Washington la Coalition mondiale pour l'Afrique. Kofi Annan, Ghanéen de 59 ans, premier Africain noir à diriger l'ONU, est connu pour sa prudence de félin. En allant à Bagdad, il saisit «une chance de réaffirmer le rôle du secrétariat général sur la scène internationale, et de sortir du placard dans lequel les conservateurs à Washington veulent enfermer l'Onu"», dit Jeffrey Laurenti, un des responsables de l'Association américaine pour les Nations unies. «Il est bouleversé par la perspective de la guerre, souligne un diplomate à New York. Mais il est clair qu'il a aussi trouvé dans cette mission l'occasion de définir son rôle, et de se démarquer des Etats-Unis.» Réformateur. Kofi Annan a été élu à la tête de l'ONU en janvier 1997 par la volonté de Washington, avec pour mission d'apaiser l'hostilité systémati
Portrait
Kofi Annan, l'élégance à l'épreuve.
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par Patrick Sabatier
publié le 21 février 1998 à 18h40
(mis à jour le 21 février 1998 à 18h40)
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