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Libération

A Varsovie, les marchands regrettent les Russes. La loi qui durcit le contrôle des frontières frappe le commerce sauvage.

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publié le 23 février 1998 à 18h48

Varsovie, de notre correspondante.

Désoeuvrée, Danuta contemple son stand de maroquinerie vide de clients dans le grand stade de Varsovie. Sa clientèle, à 80% russe, ne s'y rend plus. Les Polonais, eux, achètent peu, et préfèrent généralement payer plus cher mais être servis dans un magasin élégant. «On nous pousse vers l'Union européenne, mais elle ne nous fera pas manger. Ce sont les Russes qui nous font vivre», dit-elle. Par quelle ironie de l'Histoire, les Polonais se mettent-ils près de dix ans après la chute du communisme à regretter les Russes? Soucieuse de se mettre à l'heure européenne à la veille des négociations d'adhésion à l'UE, la Pologne a depuis le 1er janvier resseré le contrôle de ses frontières. Les nouvelles dispositions d'entrée pour les étrangers sont restrictives avant tout pour les citoyens de Russie et de Biélorussie, qui alimentaient un petit commerce florissant sur presque tout le territoire polonais. Ces mesures ont porté un coup décisif à ce trafic: en deux mois, le chiffre d'affaires des marchés polonais, considérés comme les plus grands bazars d'Europe, a chuté de près de 40%.

Vers la Turquie. Seuls les représentants de l'UE sont satisfaits de ce renforcement du contrôle de la frontière est de la Pologne, appelée dans l'avenir à devenir la frontière orientale de l'Europe élargie. Les commerçants et fabricants polonais, qui ont perdu une partie de leurs clients, enragent et craignent que cette manne ne se détourne vers la Turquie. Les autorités po