Paudorf, envoyée spéciale.
Une église remplie à craquer. Des fidèles debout dans les travées, plus serrés que des sardines. Des dizaines d'autres massés dehors, sans rien entendre ni voir de la messe, juste pour être là. Le curé de Paudorf, village de 2 500 âmes, 70 kilomètres à l'ouest de Vienne, a réussi ce dimanche un miracle de mobilisation. Le problème: officiellement, le père Udo Fischer n'est plus curé de Paudorf depuis mercredi. Kurt Krenn, l'évêque ultraconservateur de Saint-Pölten, l'a démis de ses fonctions pour «insoumission continue».
«Pour me sortir de l'Eglise, il faudra envoyer la gendarmerie.» Un sourire avenant sur sa bouille ronde, le père Udo est à son habitude: sûr de sa cause et provocateur. «Si l'on peut révoquer n'importe quel prêtre, sans donner de raison, alors l'Eglise devient une dictature.» Sa légitimité est intacte, estime-t-il: ce sont ses paroissiens qui lui ont renouvelé leur confiance, dimanche, par «référendum», et qui prévoient une manifestation de solidarité dimanche prochain.
«Notre combat pour Udo, c'est un combat pour la démocratie, explique Martin, un paroissien de 30 ans. L'Eglise, c'est dans la paroisse qu'elle se vit, pas par lettres dictées d'en haut.» D'autres énumèrent tout ce que le père Udo a imaginé pour «faire vivre cette paroisse» depuis dix-sept ans: le «café de la paroisse», où l'on discute après la messe, la chorale, les enfants de choeur qui rendent visite à chaque paroissien le jour de son anniversaire, un pèlerinage annu