Le Cap, de notre correspondante.
Comme un fantôme à peine assoupi et aussitôt ressuscité, la question raciale est en train de faire un retour en force sur la scène politique sud-africaine. Dès l'ouverture du Parlement début février, l'opposition a ouvert le feu, accusant le gouvernement de Nelson Mandela d'ouvrir la boîte de Pandore des «relations interraciales». Au coeur de la polémique, qui, depuis, n'a cessé d'enfler: la loi sur l'«égalité dans l'emploi» (Employment Equity Bill) présentée par le Congrès national africain, l'ANC au pouvoir, et dont les députés ont commencé à débattre.
La nouvelle loi prévoit en effet d'imposer des quotas raciaux et la parité hommes-femmes au sein des entreprises publiques mais aussi privées. Les entreprises devront ainsi revoir la composition de leurs effectifs afin de l'ajuster progressivement «aux réalités démographiques du pays». Les récalcitrants se verront soumis à des amendes, dont le montant pourrait s'élever jusqu'à 900 000 rands (1 million de francs). «La discrimination positive permettra seule de corriger les maux de l'apartheid et d'atteindre une véritable égalité raciale en Afrique du Sud», a plaidé Nelson Mandela en ouvrant la session parlementaire le 6 février. «Après trois cents ans d'injustice sociale, l'attente des Noirs a assez duré», a renchéri un membre du gouvernement.
Depuis la victoire électorale de l'ANC en 1994, la discrimination positive en faveur des populations qui ont le plus souffert de l'apartheid a toujours é