Les militaires français ont été aux premières loges du drame
rwandais de 1990 à 1994. Voilà pourquoi le Tribunal pénal international (TPI) d'Arusha attend beaucoup de leurs témoignages dans le procès des responsables du génocide. Deux officiers supérieurs français, des lieutenants-colonels, devraient être auditionnés en mars à Arusha, comme témoins de la défense de Jean-Paul Akayesu, accusé de génocide et de crimes contre l'humanité, affirmait vendredi dernier l'AFP. Hier, le ministère de la Défense n'avait toujours ni confirmé, ni démenti cette information. Le dossier est sensible. En décembre 1997, Alain Richard avait refusé que des soldats français se prêtent à la «justice spectacle» que, selon lui, pratiqueraient les deux TPI, celui de La Haye pour la Bosnie et d'Arusha pour le Rwanda. Depuis, le ministre de la Défense semble avoir mis un peu d'eau dans son vin. Les ponts n'ont pas été rompus avec Louise Arbour, procureur des deux TPI, et les négociations se poursuivent sur les modalités de témoignage. D'octobre 1990 à août 1994, l'armée française a été à la fois actrice et témoin des événements qui ont débouché sur le génocide. A l'automne 1990, le régime hutu du président Habyarimana est menacé par les «rebelles» tutsis du FPR. Fidèle à sa politique africaine, Paris monte une opération pour soutenir un régime ami. Plusieurs centaines de paras et de légionnaires arrivent au Rwanda. Officiellement chargés de protéger les ressortissants, ils arment, encadrent, entraînen