Arusha, envoyée spéciale.
Le major général Roméo Dallaire hésite, visiblement embarrassé. Jusqu'ici, l'ancien commandant des forces de la Minuar a longuement répondu à toutes les questions de l'avocat de Jean-Paul Akayesu, l'ex-bourgmestre de Taba accusé de génocide par le Tribunal international pour le Rwanda (TPR). Il a détaillé dans un français chantant ses relations avec les autorités rwandaises d'alors et avec les rebelles du Front patriotique rwandais, séparées par une zone démilitarisée dans le nord du pays.
«Que savez-vous de Jean-Pierre?», vient de demander Me Nicolas Tiangaye. Le 11 janvier 1994, alerté par un informateur désigné par ce prénom, Romeo Dallaire envoie un fax aux Nations unies où Koffi Annan, l'actuel secrétaire général, est alors en charge des missions de la paix. Des extrémistes hutus sont en train de préparer l'extermination des Tutsis, prévient l'officier canadien. Son informateur a précisé que des miliciens interahamwe se vantent de pouvoir tuer 1 000 Tutsis toutes les vingt minutes. La Minuar, chargée de maintenir la paix au Rwanda jusqu'à des élections, peut-elle, doit-elle intervenir? De New York, la réponse arrive, négative: une intervention serait incompatible avec le mandat donné par le Conseil de sécurité. L'histoire est connue, mais, assis là même où des dizaines de rescapés du génocide sont venus témoigner, Romeo Dallaire se tait. Le juge Laity Kama, président du TPR, intervient: «Est-ce classé secret?» Le témoin acquiesce.
L'audition trè