Ce n'est pas tous les jours que la Commission européenne a le
courage de prendre à rebrousse-poil les deux poids lourds de l'Union, à savoir l'Allemagne et la France. Il faut donc saluer le «courage» dont elle a fait preuve en nommant, en dépit de leur opposition, ce mercredi, à la tête de la «Task Force Elargissement», l'Allemand Klaus van der Pas, porte-parole de l'exécutif communautaire depuis janvier 1995. La bataille pour ce poste a été rude: la France voulait que ce soit l'un des siens qui dirige les négociations d'adhésion avec les pays candidats (Pologne, République tchèque, Hongrie, Estonie, Slovénie et Chypre), ne serait-ce que pour influencer leur déroulement dans un sens favorable à ses intérêts. Elle soutenait donc François Lamoureux, directeur général adjoint de la DG1A (relations avec l'Europe de l'Est) et ancien conseiller de Delors. Il faut dire que les relations extérieures de l'Union sont trustées par les Allemands et, dans une moindre mesure, par les Néerlandais. C'est d'ailleurs pour cette raison que Bonn s'opposait aussi à la nomination d'un Allemand, conscient qu'il vaut mieux impliquer au maximum des Français que l'élargissement n'enthousiasme guère. En outre, le gouvernement allemand craignait de ne plus pouvoir placer ses hommes dans d'autres directions tout aussi importantes: de fait, une règle non écrite veut qu'il y ait un équilibre entre les nationalités, au moins pour les postes les plus importants. Or, son quota est désormais atteint. Enfin, ou