Madrid, de notre correspondant.
Vingt-huit ans de prison: la justice espagnole n'a pas eu la main légère contre Luis Roldan. L'ex-patron socialiste de la Garde civile a été condamné hier, après six mois de procès et deux de délibérations, pour détournement de fonds publics, corruption, escroquerie et fraude fiscale. Sa femme et son prête-nom écopent de 4 et 9 ans de prison comme complices.
Le «chorizo n°1». Roldan, symbole de l'époque des scandales qui minèrent les derniers gouvernements de Felipe Gonzalez, a été reconnu coupable d'avoir empoché illégalement au moins 80 millions de francs entre 1986 et 1994, quand il était à la tête de la Garde civile. L'ex-«chorizo n°1» (voyou) d'Espagne avait mis au point toute une panoplie d'arnaques pour s'enrichir le plus vite possible, depuis les détournements des fonds secrets du ministère de l'Intérieur, jusqu'aux dessous-de-table systématiques sur les marchés passés par la Garde civile constructions de casernes par exemple. Huit ans durant, personne n'en a rien vu. A tel point que Gonzalez envisageait même de nommer Luis Roldan ministre de l'Intérieur quand, en novembre 1993, le quotidien Diario 16 commence à dévoiler le scandale. L'affaire fait vaciller le gouvernement cinq mois plus tard quand le patron de la Garde civile prend la poudre d'escampette au lendemain de sa destitution et de son inculpation. Felipe Gonzalez fait alors de la capture de Roldan la «priorité des priorités» de son gouvernement. Recherché durant dix mois