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Libération

La France réticente pour une enquête parlementaire. Les députés hésitent à examiner les responsabilités de Paris dans le génocide rwandais.

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publié le 27 février 1998 à 19h07

L'embarras est évident. A peine prononcés, les mots «Rwanda» et

«commission d'enquête parlementaire», suscitent chez les hommes politiques français une réaction enchifrenée: ils piquent du nez, pointant le bout de leurs souliers. Untel, membre éminent de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, balbutie que «oui, c'est difficile, la question mérite réflexion"» Tel autre, membre de la commission de la Défense, préfère botter en touche: «Ce n'est pas une question d'actualité». Pourtant, ce qu'ont fait les sénateurs belges, enquêtant plusieurs mois sur les prolégomènes du génocide avant de rendre un rapport d'un millier de pages, en décembre, les députés français en seraient-ils incapables?

Solides réticences. Certains ne veulent pas jeter l'éponge. Sous couvert d'anonymat ­ car la chose militaire semble trop importante pour être soumise au contrôle des élus ­, ils concèdent que les autorités françaises (Parlement, gouvernement) devraient mettre leur nez dans ce qui s'est passé au Rwanda entre 1990 et 1994. Mais avec une palanquée de bémols. D'abord, la Belgique, «ce n'est pas la même culture que la nôtre; notre situation politique est complexe». Au moment du génocide, le troisième du XXe siècle, c'était la cohabitation entre François Mitterrand à l'Elysée et Edouard Balladur à Matignon, Alain Juppé au quai d'Orsay et François Léotard à la Défense" Côté socialiste, là où on pourrait initier la mise en place d'une commission d'enquête, les réticences se veul