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Libération

Le communisme tranquille du Bengale. Depuis 21 ans, cet Etat indien est «rouge», ce qui bénéficie surtout aux paysans.

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publié le 28 février 1998 à 19h14

Calcutta, envoyé spécial.

«Les rouges sont en train de ruiner notre économie!», s'exclame J.S. Subramaniam, la mine déconfite. Ce haut fonctionnaire du gouvernement du Bengale occidental, l'un des 26 Etats de l'Union indienne, parle de démissionner au plus vite. Depuis cinq jours, il n'a pu quitter son bureau du centre de Calcutta, tenu en otage par des militants surexcités de la Citu, la puissante centrale syndicale communiste. Ces derniers ont recouvert les locaux de portraits de Lénine et de drapeaux rouges et interdit la reprise du travail aux employés. «Le prétexte de grève était mineur, assure J.S. Subramaniam. La manoeuvre n'avait d'autre but qu'une démonstration de force contre l'administration. Pour les communistes, c'est une manière de montrer qu'ils sont les seuls maîtres.»

Le plein aux élections. A l'usure, les quelque 70 millions d'habitants de l'Etat du Bengale occidental, si fiers de leur particularisme culturel, en auraient presque oublié cette distinction: voici vingt et un ans qu'ils sont dirigés par le même gouvernement communiste. Nulle part ailleurs un gouvernement d'inspiration marxiste-léniniste a ainsi pu rester si longtemps au pouvoir dans un régime démocratique. Et, surprise, ces communistes affichent une belle santé. Déjà forts d'une majorité au Parlement régional, ils devraient faire une nouvelle fois le plein de sièges dans le cadre des élections générales, dont le troisième tour se tient aujourd'hui. Comment expliquer une telle longévité? A un