Mexico de notre correspondante
Un prêtre français vient de faire les frais de la nouvelle politique musclée des autorités mexicaines au Chiapas, sous la forme d'un billet d'avion pour Paris, un aller simple. Arrêté jeudi matin sous le motif «d'activités politiques anticonstitutionnelles» et de défaut de visa de travail, Michel Chanteau était depuis plus de trente ans curé du village de Chenalho où s'était déroulé le massacre de 45 Indiens en décembre dernier . Il a été détenu sept heures avant d'être expulsé du pays. Agé de 67 ans, le père Chanteau était un proche de l'évêque de San Cristobal , Samuel Ruiz, et il jouissait d'une grande popularité auprès des Indiens. Cela a sans doute causé sa perte. Il est le quatrième étranger expulsé en deux semaines, et le cinquième prêtre interdit de séjour depuis 1995.
C'est une véritable chasse aux sorcières qu'a lancée le président Ernesto Zedillo le 23 janvier, en dénonçant «les [étrangers] qui, au mépris [des lois mexicaines] et sous prétexte de raisons humanitaires, sont directement impliqués dans le conflit du Chiapas.» La France était probablement visée par une allusion, dans le même discours, aux ressortissants de pays «où règnent la division, le conflit et même le terrorisme engendré par une politique colonialiste et autoritaire encore récente dans son histoire». Comme en écho à la mise en garde présidentielle, la chaîne privée TV Azteca a diffusé le 15 février une émission cherchant à faire croire que les étrangers sont à la ba