Ce fut une affaire rondement menée. Alors que Louise Arbour,
procureur général des tribunaux internationaux pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie, demandait depuis des mois à la France de laisser témoigner ses militaires, il a suffi que des organisations humanitaires, des intellectuels, des députés Verts et communistes (lire Libération du 28 février) lancent une campagne pour la création d'une «Commission d'enquête parlementaire sur le Rwanda» afin que soit créée" une «mission d'information». La rapidité avec laquelle Paul Quilès en a fait adopter le principe, mardi, à l'unanimité des membres de la commission de la défense de l'Assemblée nationale, témoigne de son intelligence à décrypter le malaise qui entoure encore, quatre ans après le génocide, le rôle qu'ont joué la France et son armée au Rwanda de 1990 à 1994. Mais cette décision est loin de satisfaire ceux qui, s'inspirant de l'exemple belge, souhaitent un véritable débat public sur les relations franco-rwandaises: une mission d'information au lieu d'une commission d'enquête, serait-ce «une manoeuvre de diversion»?, s'interrogeait hier Médecins sans frontières.
La mission d'information sur le Rwanda devrait être mise en place avant la fin du mois. Elle comprendra une dizaine de membres, issus de tous les groupes politiques de l'Assemblée. La Commission de la Défense de l'Assemblée a la maîtrise de l'investigation et de l'audition des témoins. Paul Quilès saura certes l'utiliser. Depuis son élection en juin 1997, il n'a eu