Jeudi 12 mars à Londres, les quinze chefs d'Etat et de gouvernement
de l'Union européenne donneront le coup d'envoi des négociations d'élargissement de l'Union. Chaque jour d'ici là, Libération se rend dans l'un des six pays candidats sélectionnés pour les premières négociations: Pologne, Hongrie, Chypre, République tchèque, Slovénie et Estonie. Aujourd'hui, la Pologne.
Varsovie de notre correspondante Indifférente au trafic des voitures sur la voie rapide Varsovie-Katowice, porte symbolique vers cet Occident que lorgne la Pologne, Maria, vigoureuse malgré ses 68 ans, vend sur le bord de la route les pommes de son verger. En quatre heures, elle n'en a pas placé un seul kilo. Résignée, elle égrène les difficultés de sa famille. Celles de son fils qui a 13 hectares, en loue 9 autres à l'ancienne ferme d'Etat de Babsk, une petite ville à 60 km au sud de Varsovie, et a déjà tout essayé, en vain. A peine achetées, les vaches ont été revendues, puis les porcs. Cette année, il a semé du blé et espère enfin une bonne récolte. Mais l'heure de rembourser la première tranche du bail approche. «Avec quoi s'en acquitter?», s'inquiète la femme, vêtue très modestement. Et elle soupire: «On a trop de terre pour aller prendre un emploi en ville, pas assez pour se développer.»
Transition. Les campagnes, où vit 35% de la population polonaise, pèseront lourd sur le dossier des négociations d'adhésion de la Pologne à l'Union européenne. Selon un récent sondage, la moitié des agriculteurs polonai